
Un climat de travail malsain expliquerait le bris de service survenu depuis le 16 décembre dernier au bloc opératoire de l’hôpital de Sainte-Anne-des-Monts et le CISSS de la Gaspésie marche sur des œufs lorsque la question est abordée.
Le réseau de la santé expliquait depuis un mois que c’est en raison d’un manque de personnel que la suspension des activités chirurgicales avait été rendue nécessaire à l’établissement de la Haute-Gaspésie.
Toutefois, sur le terrain, les informations amènent un autre éclairage de la situation.
Des conflits de personnalité au sein de l’équipe du bloc seraient à l’origine de la suspension au point où un bris de confiance entre travailleurs serait apparu.
Des membres du personnel auraient même évoqué la possibilité de démissionner si rien ne bougeait, ont confié des personnes au fait du dossier sous le couvert de l’anonymat.
La situation est ressortie jeudi dernier au conseil d’administration du CISSS de la Gaspésie.
« Les citoyens ne sont pas dupes. Ils croient que le climat de travail a joué un rôle au sujet de la pénurie de personnel ayant conduit à la fermeture du bloc. C’est souhaitable que si des comportements imputables sont identifiés, que des sanctions justes et équitables soient appliquées », a lancé une citoyenne de Sainte-Anne-des-Monts, Michelle Lauzon.
« Pour regagner la confiance, est-ce que le conseil d’administration pourrait s’engager à faire la lumière sur le processus qui a amené la décision potentiellement désastreuse que représente la fermeture du bloc opératoire de Sainte-Anne-des-Monts ? », a questionné par la suite Mme Lauzon.
« Ce dossier est au centre des préoccupations du conseil d’administration et des administrateurs. Il y a un suivi attentif effectué par les administrateurs. Il y a un canal de communication presque quotidien entre le conseil d’administration, le PDG et l’équipe. Le PDG et son équipe sont à pied d’œuvre pour assurer la pérennité du bloc opératoire », a répondu le président du conseil d’administration du CISSS de la Gaspésie, Richard Loiselle.
« C’est grave et il ne faudrait pas perdre des intervenants de qualité », est revenue à la charge Mme Lauzon.
Le ministère de la Santé et des Services sociaux a été informé de la situation.
« C’est une situation complexe », a d’abord répondu le président-directeur général, Martin Pelletier, à la citoyenne.
« C’est multifactoriel. Ce sont des conditions complexes. Je ne veux pas entrer dans ces détails-là, mais c’est multifactoriel », ajoute M. Pelletier.
« Le CISSS de la Gaspésie est porteur de la décision et des mesures mises en place pour consolider le service, mais avec le support du ministère. On s’assure que le ministère comprend ce qui se passe et qu’il nous supporte là-dedans », a complété le président-directeur général.
Les activités ont repris graduellement la semaine dernière et elles seront à 100 % au cours de cette semaine, a mentionné M. Pelletier.
Le bris de service au bloc opératoire a amené la suspension du service d’obstétrique.
M. Pelletier a voulu exprimer clairement l’intention du CISSS de maintenir les activités chirurgicales à Sainte-Anne-des-Monts, contrairement à la rumeur circulant en Haute-Gaspésie que l’hôpital desservant le territoire ne devienne un jour « un gros CLSC ».
Par ailleurs, les travaux de réaménagement de l’urgence et les soins intensifs du centre hospitalier seront complétés dans le calendrier prévu.
L’entrepreneur terminera les travaux de 7,2 millions $ vers la fin mars et les nouveaux locaux seront opérationnels vers la fin juin.
L’ensemble du projet avait été planifié à 13 millions $ et le budget a été plus que respecté.
« C’est un projet qu’on devrait livrer avec un coût de 11 millions $. On va sauver 2 millions $ », lance avec fierté le directeur des services techniques, Harris Cloutier.
Le CISSS de la Gaspésie a été le maître d’œuvre du chantier.
Les locaux actuels remontaient à la construction de l’hôpital, en 1973.
Le dossier s’est réglé à une vitesse rarement vue. Il ne s’est écoulé que deux ans entre le dépôt du projet et le lancement des travaux et à peine un peu plus d’un an entre le début de construction, à l’hiver 2022 et la livraison en mars prochain.
La main-d’œuvre indépendante a un poids important sur les finances du CISSS de la Gaspésie.
En janvier, l’organisation prévoyait un déficit de 5 millions $ pour l’exercice financier 2022-2023 qui se terminera le 31 mars.
Après avoir complété 10 mois, il est maintenant évalué à 7,5 millions $.
Le ministère de la Santé est avisé de la situation.
« Ce qu’on souhaite, c’est le support du ministère au niveau financier. On n’a pas de signal que ce serait remboursé. C’est un contexte de rareté de main-d’œuvre qui fait qu’on est obligé d’utiliser la main-d’œuvre indépendante qui nous coûte très très cher », explique M. Pelletier.
À titre d’exemple, M. Pelletier mentionne qu’une infirmière gagne 41 $ de l’heure en moyenne au CISSS de la Gaspésie alors que l’infirmière indépendante reçoit quelque 125 $ de l’heure.
« Ce qui fait mal, c’est le coût supplémentaire. En coût supplémentaire, on est à une vingtaine de millions $ parce qu’on utilise la main-d’œuvre indépendante plutôt que la main-d’œuvre régulière », précise le directeur des services financiers, Jean-Pierre Collette.