Refonte de la carte électorale fédérale : unanimité contre la nouvelle proposition

Rarement une décision suscite l’unanimité contre elle. C’est le cas du Rapport de la commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales de la province de Québec qui propose d’éliminer la circonscription d’Avignon-La Mitis-Matane-Matapédia pour en créer une nouvelle dans les Laurentides.

Les MRC d’Avignon et de Matanie seraient intégrées à la nouvelle circonscription de Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine-Listuguj alors que celles de la Mitis et de Matapédia se grefferaient au nouveau comté de Rimouski-La Matapédia.

« C’est une grande déception… J’hésiterais même entre déception et indignation », affirme tout de go la députée bloquiste Kristina Michaud qui verrait sa circonscription disparaitre si la commission ne change pas d’idée d’ici la fin du processus.

L’élue rappelle que la région s’était mobilisée entièrement contre l’abolition de la circonscription lors de la première mouture en juillet 2022.

« On a avancé des arguments solides et là, on se fait déconstruire tout cet argumentaire de façon arrogante de la commission. On nous dit que c’est la mathématique qui est la plus importante et les autres critères qu’on a amenés sont subjectifs », commente l’élue.

Les parlementaires se pencheront maintenant sur le dossier alors que le dossier devient politique.

L’élue a échangé avec la députée libérale de Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine, Diane Lebouthillier, son collègue bloquiste de la région de Rimouski Maxime Blanchette-Joncas et le conservateur de Montmagny-L’Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup, Bernard Généreux.

« Les quatre députés de l’Est du Québec sont prêts à mener cette bataille ensemble », lance Mme Michaud.

« On va retaper le clou du vaste territoire et de l’occupation du territoire. Quand on nous ramène des contre-arguments en disant qu’il y a des régions qui sont plus grandes et qui n’ont jamais demandé un statut d’exception alors pourquoi on vous la donnerait ? Ce n’est pas la question », mentionne-t-elle.

Le maire de Gaspé et préfet de la MRC de la Côte-de-Gaspé, Daniel Côté, affirme que c’est comme si la région n’avait pas été entendue.

« C’est encore une perte de pouvoir de la région », dit-il.

« On a de moins en moins de porte-voix et pendant ce temps, les centres urbains ont de plus en plus de voix. La voix des régions est de moins en moins entendue et cela fait en sorte que les décisions gouvernementales sont de moins en moins teintées de ces réalités. Il y a un déséquilibre démocratique en défaveur des régions. C’est déplorable. C’en est presque insultant », s’insurge M. Côté.

Le président du Regroupement des MRC de la Gaspésie, Mathieu Lapointe, rappelle essentiellement les mêmes arguments que ces collègues.

« On avait senti quand même une certaine ouverture de la part des commissaires. Minimalement, ils respectent l’intégrité des territoires des MRC. C’est au niveau de la représentativité où la Gaspésie et le Bas-Saint-Laurent perdent. Déjà que les territoires sont immenses, ça va devenir de plus en plus complexes de bien représenter les enjeux de la population », dit celui qui est le préfet de la MRC d’Avignon qui continuera de revendiquer tant qu’il n’y aura pas de changements dans la proposition révisée.

Les députés ont jusqu’en mai pour soulever des oppositions à la nouvelle carte proposée.

Par la suite, la commission examinera le tout.

Le décret de représentation, c’est-à-dire la carte finale, sera déposé en septembre prochain.

La députée libérale de Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine, Diane Lebouthillier, réagira vendredi.