Qui sont vos candidats dans Gaspé ?

Les électeurs de la circonscription de Gaspé auront à choisir un représentant à l’Assemblée nationale le 3 octobre prochain.

Les candidats officiels à cette élection sont dans l’ordre alphabétique : Yv Bonnier Viger de Québec solidaire (QS) ; Pier-Luc Bouchard du Parti conservateur (PC) ; Michel Marin du Parti libéral (PL) ; Méganne Perry Mélançon du Parti québécois (PQ) et Stéphane Sainte-Croix de la Coalition avenir Québec (CAQ).

Nous les avons rencontrés au cours des derniers jours afin de discuter avec eux des principaux dossiers qui retiennent l’attention et se faire connaître auprès des électeurs alors que le vote par anticipation s’amorce dimanche.

QUESTION : Qui êtes-vous ? Pourquoi la politique ?

QS : Je suis le directeur régional de la Santé publique pour la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine en congé sans solde depuis le 22 août et maintenant, je suis en campagne électorale pour Québec solidaire pour continuer à servir la population dans un autre registre un peu plus étendu et participer aux décisions qui seront prises pour et avec la population.

PC : Je suis ambulancier depuis 15 ans et j’ai une compagnie de construction depuis six ans. Je me suis lancé en raison de la pandémie et ce qui s’est passé ces deux dernières années. J’aimais les idées d’Éric Duhaime et j’ai décidé de me lancer avec lui.

PL : Je suis originaire de Sainte-Anne-des-Monts. J’y ai toujours habité. J’ai fait des études pour devenir ingénieur forestier. Je me suis rétabli à Sainte-Anne-des-Monts, j’ai fondé une famille et eu trois enfants. J’ai été conseiller municipal et impliqué dans le tourisme et l’éducation. Je suis encore impliqué dans le plan récréotouristique pour le plan intégré de développement des Chic-Chocs et de la Haute-Gaspésie.

PQ : Je suis originaire de Gaspé. J’ai quitté à 17 ans pour étudier en cinéma et communication et ensuite, je me suis orienté en gestion du tourisme, une industrie importante pour la Gaspésie et j’ai atterri au bureau du député sortant Gaétan Lelièvre. C’est là que je me suis ouvert à la politique et j’ai pu entrer en contact avec les gens du milieu pour développer notre région pour ramener des jeunes dans la région. Pour ça, il faut des modèles de jeunes qui s’impliquent et c’est dans cet objectif-là que je me suis présentée en 2018.

CAQ : Je suis originaire de Cap-des-Rosiers, résident de Gaspé depuis 25 ans et fortement impliqué dans le développement touristique dans les 25 dernières années. Pour moi, c’est un cheminement naturel dans une équipe solide qui a fait du développement des régions une priorité. Maintenant, c’est d’aller représenter le comté de Gaspé dans le caucus de François Legault le 3 octobre.

QUESTION : Dans Gaspé, l’enjeu du transport est un élément récurrent. À quand le train à Gaspé ? À quand une route 132 qui ne sera pas sujette à partir à la mer à la moindre tempête ?

QS : La question du transport est assez complexe et il faudra asseoir ensemble tous les acteurs après le 4 octobre pour se donner un plan spécifique pour la Gaspésie. Les choses déjà en route comme la reconstruction de la voie ferrée jusqu’à Gaspé va se poursuivre. Il faut réfléchir à un réseau d’autobus rapide et électrifié avec plusieurs départs et arrivées par jour. Comment on pourrait transporter des matériaux lourds avec du cabotage avec peut-être des goélettes électriques ? Bref, il y a toutes sortes de questions en l’air et sûrement d’autres idées qui peuvent émerger d’une rencontre comme ça.

PC : Le train est plus de juridiction fédérale. Si on peut aider à le faire venir et encourager les Gaspésiens à l’utiliser, on va travailler en ce sens-là. On n’en a pas vraiment parlé mais s’ils ont besoin de notre aide, on va faire le plus possible pour eux s’ils sont intéressés. Pour la route 132, ce n’est pas évident sur le bord de la mer. Ce qui est fait est d’éviter les problèmes et les débordements. On va se pencher sur l’enjeu si je suis élu pour trouver des solutions.

PL : Le train à Gaspé, ça prend des gens qui y croient. Les premiers qui y ont cru, c’est un gouvernement libéral et ont lancé de sérieux travaux. C’est notre objectif de doter la région de transports structurants pour assurer notre plein développement. C’est vrai pour le train, le transport aérien et portuaire. Il y a beaucoup de développement à faire à ce chapitre. Sur la route 132, elle longe le fleuve et elle est sujette aux grandes marées. Avec les changements climatiques, ça accentue ce problème-là. Ça doit être adressé par un gouvernement qui considère les régions comme une part importante du développement du Québec.

PQ : Le transport, c’est le nerf de la guerre pour le développement économique et social. Le train doit être de retour d’ici quatre ans. On n’a plus aucune date pour Gaspé, ce qui est inacceptable pour moi. Ce sera une priorité. Le réseau routier doit être protégé, surtout en Haute-Gaspésie avec l’érosion des berges. Il faut un comité pour trouver des solutions à court et long terme. Je l’ai demandé au ministre des Transports et j’en fais un engagement pour protéger notre lien routier.

CAQ : On travaille fort depuis les dernières années. L’argent est au rendez-vous, la volonté y est aussi présente. C’est complexe. L’érosion est un gros morceau qui nous reste à consolider. Mais on est fermement convaincu d’aller jusqu’au bout du projet. On sera au rendez-vous pour les prochaines années, mais pas de date car on est encore dans la planification des choses. Mais les sommes sont là, la volonté est bien présente et la planification par tronçon fera en sorte qu’on y arrivera plus rapidement. La route 132 est un lien essentiel pour l’économie, le transport, l’accès à la région. Il y a un gros travail avec une bonne portion qui subit une cure de mise à niveau au niveau de l’asphalte et la bonne nouvelle en termes d’érosion des berges – une priorité de Stéphane et de la CAQ – pour revoir notre planification sur l’ensemble de la 132, nos façons de faire pour prévoir et non pas juste guérir les bobos. On a investi des sommes records dans les quatre dernières années sur la 132 et on va continuer dans ce sens-là.

QUESTION : Tous reconnaissent la crise du logement. Gaspé a un projet de 144 logements mais Québec a mis des bâtons dans les roues. Au-delà des logements sociaux, qu’est-ce qui peut être fait pour combler les 2000 logements manquants selon les études en Gaspésie ?

QS : Au-delà des logements qu’on devra construire, il y a des logements actuellement disponibles mais utilisés à des fins touristiques. Ça crée une distorsion. Il y a des utilisateurs peu fréquents des logements achetés ici. Il y a toute une discussion à y avoir et supporter les villes qui veulent enrayer le AIRBNB dans les municipalités. Québec solidaire propose de racheter certains bâtiments et les rénover correctement et les remettre sur le marché pour éviter la spéculation. Il y a quelques idées comme ça et il faudra voir si l’industrie de la construction est capable de suivre le tempo.

PC : Il faut trouver des alternatives comme les maisons bigénérationnelles, donner un coup de main pour les proches aidants ou des crédits d’impôt pour des contracteurs ou pour ceux qui désirent se lancer dans l’immobilier pour des deux, trois ou quatre logements. Ça pourrait être une bonne alternative à court et moyen terme pour baisser la pénurie de logements.

PL : Il y a un ensemble de mesures à mettre de l’avant. On a des mesures sur la taxe de bienvenue, pour favoriser l’établissement de maisons bigénérationnelle. On permettrait une deuxième utilisation du Régime d’accès à la propriété pour soit acheter une nouvelle propriété, la modifier une ou en construire une. On a aussi 50 000 logements sociaux à construire. Il faudra trouver des solutions efficaces car la situation est urgente, notamment pour faire venir de la main-d’œuvre. Si on ne le fait pas, on aura des difficultés.

PQ : Il y a plusieurs bâtons dans les roues. En 2019, j’ai marrainé un projet de loi privé de Gaspé pour donner des incitatifs fiscaux aux promoteurs. Il faut avoir une ouverture du gouvernement pour faciliter la paperasse. Est-ce que je crois au programme de la CAQ de logements abordables ? Accès-Logis doit demeurer et le financer à juste part pour permettre d’avoir plus de loyers disponibles et abordables. C’est un dossier complexe. Il faut s’assurer d’avoir un meilleur accès à la propriété pour les jeunes. Il faut une taxe sur les investisseurs étrangers car ils achètent des maisons sur le bord de la mer, mais il faut les habiter. AIRBNB est dans notre mire. On veut suspendre les activités, le temps de réduire la crise du logement.

CAQ : Pour rassurer l’ensemble des citoyens, on a rencontré Daniel Côté et le conseil. Les canaux de communications sont ouverts. Des solutions sont en train de se dessiner entre les principaux concernés et on va aller de l’avant, soyez sans craintes. On demande plus de flexibilité. On est très ouverts. On va livrer ce projet. Du reste, il faut faciliter et accélérer les mises en chantier. On a donné des outils aux municipalités pour des incitatifs. On va continuer dans ce sens-là pour livrer ces projets pour le bien-être des citoyens.

QUESTION – Développement économique : le maire de Sainte-Anne-des-Monts déplorait en mai le peu d’emplois décentralisés de la fonction publique dans sa ville et même en Gaspésie alors que la région a eu une poignée des quelque 3000 emplois décentralisés. Est-ce que la Gaspésie aura vraiment sa part d’emplois rattachés à la Gaspésie et non pas des employés travaillant en Gaspésie mais basés à Québec ?

QS : Québec solidaire veut renformer les régions et la gouvernance dans les régions. Il est tout à fait possible de délocaliser des parties importantes de l’appareil gouvernemental dans toutes les régions de façon équitable pour que les gens qui y vivent soient imprégnés des réalités des régions. Les postes seraient basés en Gaspésie et on pourrait avoir un ministère délocalisé sur plusieurs sites, mais ça ne les empêcherait pas de travailler ensemble.

PC : Je viens d’ici. Je vais travailler pour les Gaspésiens. Notre but est de décentraliser pour essayer de donner de la gestion au niveau municipal et régional. Si on forme le gouvernement le 3 octobre, je vais faire tout en mon pouvoir pour amener le plus d’emplois pour les Gaspésiens et les Gaspésiennes.

PL : Le candidat de la CAQ nous a dit qu’il avait décentralisé quelque 70 emplois dont 29 en Haute-Gaspésie. Je suis en contact avec le maire de Sainte-Anne-des-Monts et il était fâché. Il n’y a pas eu de changements et il attend toujours des précisions de la CAQ pour savoir où sont ces emplois.

PQ : C’est un sujet émotif et je comprends le maire de Sainte-Anne-des-Monts de se sentir abandonné. Le gouvernement qui annonçait de la décentralisation, tout ce qu’il a fait, c’est délocaliser des gens qui oeuvrent en télétravail qui ne donnent pas plus de pouvoir en région. Oui ça apporte une retombée économique, mais ce n’est pas ce dont on a besoin pour avoir des régions qui se prennent en mains avec des décisions prises sur le terrain.

CAQ : On a livré plus de 2500 sur 5000. En Gaspésie, on parle de 77 postes régionalisés dans les quatre dernières années. À Sainte-Anne-des-Monts, on parle de 29 postes. On va continuer d’aller dans ce sens-là. Le gouvernement est engagé dans cette voie. C’est complexe : on ne peut pas obliger les citoyens de choisir une région plutôt qu’une autre. Il faut travailler sur la mise en valeur de la région et le cadre de vie et on est confiant. La Gaspésie est attractive. Des gens de partout dans le monde y viennent pour y passer des carrières florissantes. Il y a des succès incroyables.

QUESTION : Gaspé compte deux des MRC les plus dévitalisées du Québec (Haute-Gaspésie et Rocher-Percé). On fait quoi pour renverser la tendance ?

QS : On investit massivement pour que ces deux MRC puissent avoir ces nouveaux emplois de ministère qui viendrait et on regarde avec les élus et la population quelles sont les initiatives qu’on peut supporter pour revitaliser. On met l’accent aussi sur l’éducation et le renforcement des compétences et quand on aura éventuellement des immigrants, on s’assure d’avoir un système d’accueil humain et les franciser pour leur permettre de vivre dans ces municipalités qui sont pour l’instant en déclin.

PC : C’est de trouver des idées, des emplois pour attirer le plus de monde possible et développer notre région. Que ce soit au niveau tourisme ou des ressources naturelles pour créer de bons emplois et attirer des jeunes qui sont partis mais faute d’emplois bien payés ont choisi de rester en ville. Ça peut être un bon point pour attirer les gens à visiter et profiter de notre belle région.

PL : C’est un développement normal et durable. C’est général, mais c’est ma façon d’envisager toutes les problématiques. Mais la main-d’œuvre et le logement sont deux priorités car ça plombe notre économie.

PQ : On est une MRC dévitalisée. Le maire de Sainte-Anne-des-Monts veut la création d’emplois payants. C’est tout un enjeu et il faudra se prendre en mains pour les services de garde et de logements. Mais on n’est pas capable de bien accueillir notre monde. C’est vraiment la priorité en Gaspésie.

CAQ : On a annoncé notre intérêt d’être plus présent pour les initiatives de notre communauté, d’avoir une écoute attentive et de supporter les processus de concertation qui apporteront de l’activité économique et de filières porteuses et on va accompagner ces gens-là. On va amener plus de flexibilité pour avoir des résultats concrets pour améliorer le quotidien des citoyens. C’est un engagement de Stéphane et je serai au rendez-vous.