Les violences faites aux femmes plus d’actualité que jamais

Les femmes de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine sont davantage victimes de violence que leurs consoeurs ailleurs au Québec.

La Table de concertation des groupes de femmes de la région fait ce constat alors que se tient les 12 jours d’actions contre les violences jusqu’au 6 décembre prochain.

« Dans notre région, on a des taux élevés en termes de violence conjugale et sexuelle si on compare par rapport à d’autres régions », lance la coordonnatrice de la table, Nastassia Williams.

« Les filles mineures sont plus souvent victimes que les autres Québécoises de violence à caractère sexuelle. Quand on se penche sur certaines femmes, comme les femmes Mi’gmaq, les femmes racisées ou celles en situation de handicap, elles sont plus victimes que d’autres. Dans ce contexte, la table et des groupes de femmes du territoire souhaitent sensibiliser la population sur cette situation », ajoute Mme Williams.

Sans s’avancer sur des points précis pour expliquer ces constats, la coordonnatrice évoque par exemple les milieux dévitalisés sur le territoire ou des contextes qui favorisent l’isolement, mais elle n’a pas assez de données pour développer davantage sur les causes.

« Les élus et les communautés doivent prendre cette situation à bras le corps », réclame la coordonnatrice.

Les féminicides des dernières années ont éveillé la conscience des gens, mais les groupes de femmes réclament plus d’actions pour que cessent ces violences.

« On sent qu’il y a une certaine action en cours. Les instances publiques questionnent leurs actions. On est conscient qu’il y a une prise de conscience, mais devant l’ampleur du phénomène, les groupes de femmes considèrent que ça va prendre plus d’action », ajoute Mme Williams pour justifier la participation aux 12 jours d’actions.

Pendant ce temps, les maisons d’hébergement qui oeuvrent auprès des femmes victimes de violence conjugale demeurent occupées en Gaspésie.

« Le dernier portrait affiche des maisons qui étaient à pleine capacité de façon majoritaire en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine », mentionne la directrice de la maison d’aide et d’hébergement l’Émergence de Maria, Nancy Gough.

Outre le volet hébergement, des services externes sont aussi offerts à ces femmes pour s’en sortir.

« Les demandes sont toujours en augmentation », ajoute Mme Gough.

Québec avait débloqué des fonds lors de la vague de féminicide, mais les besoins sont toujours importants alors que les maisons offrent des services 24 heures par jour, sept jours par semaine.

Pour réduire cette forme de violence, un travail tous azimuts doit être fait.

« Ce que ça prend, c’est un travail en amont et un travail multisectoriel. Depuis les 30 dernières années, du financement est venu et des ressources ont été mises en place. La population doit faire sienne la lutte contre la violence faite aux femmes pour tendre vers des rapports égalitaires pour offrir en héritage à nos enfants une société exempte de violence », mentionne la directrice.  

Les formes de violence demeurent les mêmes.

« Encore aujourd’hui, une femme assassinée est une femme de trop et nombres de femmes sont assassinées annuellement au Québec. Ce portrait sanglant devrait lancer un cri d’alarme pour que tous et toutes se sentent concernées par la problématique de violence faite aux femmes », ajoute-t-elle.

Mercredi, des points de sensibilisations ont été organisés par la Sûreté du Québec pour contrer la violence faite aux femmes.

Des agents, en collaboration avec les centres d’hébergement du territoire, ont distribué des dépliants à Gaspé, Grande-Rivière, Bonaventure Carleton-sur-Mer et Pointe-à-la-Croix.

À l’occasion des 12 jours, la table a préparé une campagne de communication sur les réseaux sociaux Instagram et Facebook.

Des vignettes qui abordent les enjeux de violence avec une perspective régionale circuleront jusqu’au 6 décembre.