
L’éolien a été l’enjeu le plus souvent soulevé entre les élus de la région et le premier ministre François Legault lors de son passage jeudi et vendredi dernier en Gaspésie.
Jeudi, le premier ministre rencontrait les élus des MRC du Rocher-Percé, de la Côte-de-Gaspé et de la Haute-Gaspésie et vendredi, c’était au tour de ceux d’Avignon et de Bonaventure.
Présentement, aucun parc d’envergure ne peut être développé à l’Est de Rivière-du-Loup en raison du fameux goulot d’étranglement.
Autrement dit, le réseau d’Hydro-Québec n’est pas en mesure de transporter le potentiel éolien encore inexploité de la Gaspésie qui pourrait se chiffrer à quelque 6000 mégawatts dans le contexte où la province a un besoin important rapidement.
« On aura besoin de beaucoup d’énergie renouvelable dans les prochaines années. Ce qui est moins coûteux, c’est l’éolien et Hydro-Québec veut tripler la capacité éolienne au Québec. On va se concentrer dans les régions où il y a l’acceptabilité sociale. C’est le cas en Gaspésie. C’est dans le plan d’Hydro-Québec de construire de nouvelles lignes de transport pour être capable de sortir plus d’électricité de la Gaspésie. On va régler la situation des lignes de transport et on veut beaucoup plus d’éolien en Gaspésie », explique le premier ministre en entrevue à magaspesie.ca durant sa tournée.
Autre grand enjeu par la région auprès de M. Legault qui n’est pas nouveau pour lui puisqu’il s’était déjà prononcé en juillet 2020 à Carleton-sur-Mer est la mise à niveau dans un premier temps de l’urgence et des soins intensifs de l’hôpital de Maria.
Le conseil d’administration du CISSS de la Gaspésie a adopté en septembre une résolution demandant que ce projet soit inscrit au Plan québécois des infrastructure.
Les élus de Bonaventure et d’Avignon ont adopté des résolutions en ce sens également.
M. Legault n’a pas pris d’engagement ferme à cet effet.
« C’est un dossier que Catherine [Blouin, députée de Bonaventure] et Stéphane [Sainte-Croix, député de Gaspé] me parlent beaucoup. Le prochain PQI est au budget du printemps, donc au mois d’avril 2024. J’espère être capable de l’inscrire au PQI au printemps parce que vraiment, il faut rénover l’hôpital de Maria », mentionne le premier ministre.
L’urgence actuelle a été construite il y a 50 ans.
La modernisation de ces deux sites de soins aigus se fera dans l’attente d’un hôpital neuf, le bâtiment actuel ayant été construit en 1954.
En juin 2018, le CISSS de la Gaspésie avait adopté une résolution pour aller de l’avant avec une construction neuve, un scénario qui remonte avant même la création du CISSS.
La crise du logement persiste en Gaspésie malgré les incitatifs mis en place.
Dans ses perspectives économiques, Desjardins estime que le taux d’inoccupation est de 0,3 % et 0 % à Gaspé.
Le premier ministre rappelle l’entente toute récente entre Ottawa et Québec qui met sur la table 1,8 milliard $ supplémentaire pour créer 8000 logements additionnels.
« Si vous faites un petit calcul, ça veut dire une aide moyenne de 225 000 $ par logement. J’en parlais avec les maires et ils étaient tous ouverts à dire qu’ils devraient être capables de trouver des promoteurs qui vont construire et offrir des loyers abordables », estime M. Legault.
Il souhaite accélérer la construction de ces logements au cours des prochains mois, d’autant plus que Québec a lancé un programme de formation pour obtenir 5000 travailleurs supplémentaires dans la construction.
« Il y aura du logement social, abordable et pour la classe moyenne. L’important est de couvrir toutes les demandes et je pense qu’avec le programme déposé, on sera capable de le faire », croit le premier ministre.
Dans le secteur des pêches, la crise annoncée dans la crevette et les espèces sous moratoires, M. Legault se concentre pour le moment sur la crevette.
Le chef de l’État estime qu’il faut à moyen terme diversifier les produits, soulignant notamment le sébaste.
Il s’attend à une baisse des quotas de crevette et son ministre des Pêches fait des pressions sur Ottawa pour obtenir les quotas rapidement pour l’an prochain.
« On ne peut pas faire de miracle si la ressource n’est pas là, d’où l’importance de continuer à diversifier autant la pêche que d’autres secteurs comme l’éolien », analyse le premier ministre.
M. Legault note que le taux de chômage n’a jamais été aussi bas en Gaspésie.
Avec la crise des pêches, les gens vont peut-être dans certains cas être obligés de changer de secteur.
« On va les aider à passer au travers financièrement au niveau de la formation, mais on veut de la prévisibilité pour la crevette », ajoute M. Legault.
Dans une suite logique, le premier ministre n’est pas en mesure de dire si une annonce à court terme sera faite pour la création de la Zone d’économie bleue avec Grande-Rivière et Rimouski comme pôles principaux.
« Actuellement, il y a une trentaine de propositions pour des zones d’innovation au Québec. Les zones qu’on veut privilégier à court terme, ce sont les zones où il y a des investissements privés. On me disait que pour cette zone, il y avait pour 750 millions $ d’investissements privés. C’est certain que si ça se matérialise, on va être en mesure de l’annoncer rapidement », se limite à dire le premier ministre alors que les acteurs près du dossier souhaitaient une annonce d’ici les fêtes et avançaient même un investissement de 1 milliard $.
Sur le développement économique globale, M. Legault a de grandes visées sur l’éolien.
« On a aussi je pense un potentiel non exploité du côté du tourisme quatre saisons haut de gamme. On est en train de se pencher sur ce dossier. Mais je pense qu’en triplant l’éolien, on va avoir des emplois pour tout le monde », lance l’élu.
Sur le prix de l’essence, la Gaspésie paie en moyenne 10 à 15 cents plus cher que les grands centres.
C’était encore le cas en fin de semaine où l’écart entre Gaspé et Saguenay par exemple était pratiquement de 30 cents.
M. Legault note que son ministre de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, se penche sur la question.
« Il a agi dans le dossier à Québec où la situation était semblable. Il est en train d’analyser la situation en Gaspésie, mais on n’acceptera pas que les pétrolières fassent des surprofits sur le dos des Gaspésiens », lance le premier ministre.
Pas question toutefois d’adopter un décret comme ça s’est déjà fait pour fixer une marge de profit maximum dans la région.
Sur le cellulaire, plusieurs zones en Gaspésie demeurent sans couverture, notamment Saint-Elzéar où une alerte nationale pour un tireur armé avait retenti en septembre 2022… sauf dans la municipalité.
La promesse de 2022 tient toujours.
« On a promis en 2022 que d’ici 2026, tout le monde allait avoir le cellulaire. On va livrer la marchandise », promet M. Legault.
Sur la carte électorale, la région se bat pour garder le statu quo alors que la commission propose de fusionner Gaspé et Bonaventure et transférer la MRC de la Haute-Gaspésie dans le comté de Matane-Matapédia, au Bas-Saint-Laurent.
Le premier ministre n’est pas prêt à mettre dans la loi un statut d’exception pour Gaspé et Bonaventure, comme c’est le cas notamment pour les Îles-de-la-Madeleine.
« On doit regarder et le Directeur des élections doit regarder pour faire une exception pour la Gaspésie car c’est un immense territoire, quitte à avoir un peu plus d’électeurs dans les autres comtés parce qu’on ne peut pas augmenter le nombre de comtés : 125, c’est le même nombre qu’en Ontario qui a à peu près 40 ou 50 % plus d’électeurs », explique M. Legault.
Le premier ministre ne veut pas s’impliquer directement dans le processus indépendant.