Le secteur minier s’accapare beaucoup de terrains en Gaspésie

La Gaspésie a vu le nombre de claims miniers connaître une croissance de 139 % entre novembre 2020 et le 1er novembre 2022.

C’est ce que révèle une coalition d’organismes environnementaux qui mentionne que cette croissance moyenne a été établie à 107 % dans la province.

En plus de la Gaspésie, les régions de l’Estrie et du Bas-Saint-Laurent enregistrent aussi une forte croissance.

Cette coalition profite de l’ouverture du congrès Québec Mines + Énergie lundi et de la fin de la COP 27 en Égypte pour dévoiler ces éléments et joint sa voix à celle de dizaines de municipalités qui réclament un moratoire sur l’attribution de nouveaux claims, et ce, tant que les règles dictées par la Loi sur les mines n’auront pas été modifiées pour protéger les milieux naturels.

Selon la coalition, le nombre de titres miniers est passé de 1967 en novembre 2020 à 4693 au premier novembre dernier, ce qui représente une augmentation de 2726 en Gaspésie.

La proportion de superficie minière atteint 257 171 hectares contre 160 511 hectares de terres protégées dans la région, ce qui représente à peine 7,86 %.

« Il y a trois gros territoires de titres miniers qui viennent s’accoter sur les limites du parc de la Gaspésie », indique le porte-parole d’Environnement Vert Plus, Pascal Bergeron.

Il évoque le secteur de Mines Madeleine ou des Vallières-de-Saint-Réal.

« Dans la mesure où on essaie de travailler à l’agrandissement du parc de la Gaspésie, ces claims sont directement nuisibles car on ne peut pas établir une aire protégée dans que les claims ne sont pas enlevés. Ça implique qu’on devra négocier avec ces minières pour éliminer ces titres avant de pouvoir agrandir le parc. C’est très problématique dans la situation de conservation du caribou », mentionne M. Bergeron.

La Commission sur le caribou recommandait de créer l’aire protégée des Vallières de Saint-Réal dans la réserve faunique des Chic-Chocs, à proximité du parc.

Il est trop facile au Québec d’aller chercher un claim, selon M. Bergeron.

« Ça se fait en quelques clics sur Internet et ça coûte moins de 45 $. Le problème, c’est la vétusté de la Loi sur les mines. On essaie d’exploiter les minéraux de l’avenir avec une loi du passé. Il est là le gros problème. Il faut mettre la loi à jour pour sortir du principe de la libre entreprise minière qui va là où elle veut sans demander de permission à personne », indique le militant qui exige que les citoyens et municipalités soient consultées avant l’acquisition de titres miniers.

Neuf MRC regroupant 142 municipalités ont signé une lettre ouverte pour exprimer leur préoccupation et dénoncer la situation.

L’Union des municipalités du Québec prépare un forum sur cet enjeu.

Par ailleurs, Environnement Vert Plus n’est pas surpris de voir que Ciment McInnis de Port-Daniel-Gascons demeure le plus important pollueur industriel au Québec.

La cimenterie a rejeté davantage de gaz à effet de serre en 2021 pour atteindre 1 429 550 tonnes comparativement à 1 210 596 en 2020, selon un relevé effectué par Quebecor.

McInnis se trouve devant la raffinerie Jean-Gaulin de Lévis et l’aluminerie Alouette de Sept-Îles.

L’entreprise prévoit qu’une fois à pleine capacité, elle émettra 1 600 000 tonnes de gaz à effet de serre, soit en 2027.

« Ce n’est pas une surprise. On connaissait la trajectoire de l’usine vers cette direction. Tranquillement, ils atteignent le maximum des émissions », ne s’étonne pas Pascal Bergeron.

L’écologiste rappelle que la population s’était fait promettre par l’ancien gouvernement libéral de Philippe Couillard un processus de captation des CO2.

« Jamais on n’a exigé que ça fasse partie du plan d’affaires. On se retrouve cinq ans après l’ouverture avec les problèmes d’émissions de poussière et aucun plan concret pour capter le CO2 pour le stocker et l’enfouir. On demande aux gens de faire des efforts considérables pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et pendant ce temps, on a une usine qui émet l’équivalent de 6 % des émissions industrielles de toute la province. C’est gigantesque comme bilan carbone pour une poignée d’emplois », tonne l’écologiste.