Le chef conservateur québécois veut décentraliser les pouvoirs vers les régions

Le chef du Parti conservateur a terminé une visite éclair dans l’Est-du-Québec en s’arrêtant à Gaspé mardi pour rencontrer une vingtaine de militants dans un restaurant de Gaspé.

Éric Duhaime était venu une première fois dans la région en juin 2021 et constate que le nombre de membres est en croissance dans les deux circonscriptions gaspésiennes.

« Je suis ici à Gaspé parce qu’on veut professionnaliser le parti. On est rendu à une autre étape dans la croissance de notre parti. C’était excusable il y a un an : tout allait vite et des affaires étaient un peu croche. On a quatre ans, du temps devant nous. On a des ressources. On veut s’assurer à la prochaine élection que l’offre politique sera plus professionnelle, plus crédible. C’est le travail auquel je convie les militants », explique M. Duhaime en entrevue.

D’une poignée de militants en 2021, le parti en compte maintenant 215 membres dans Gaspé et 240 dans Bonaventure.

Déçu de ne pas avoir de représentant à l’Assemblée nationale, le chef conservateur tourne cette situation à son avantage en affirmant qu’il a plus de temps pour faire le tour du Québec.

Il a visité 45 circonscriptions depuis le début de sa tournée.

En Gaspésie, il a rencontré les maires de Gaspé et Sainte-Anne-des-Monts et le préfet de la Haute-Gaspésie, en plus de gens d’affaires.

« Ça nous permet d’avoir le pouls et d’élaborer en fonction des besoins et des réalités locales. Chaque région a ses propres dynamiques. Je m’en confesse. C’est une des régions que j’ai le moins visité. Durant la campagne, on est allé là où on avait la concentration de vote la plus forte, des chances de gagner », admet M. Duhaime.

Dans un bilan de visite, le chef conservateur s’est fait parler de la pénurie de main-d’œuvre, de l’exploitation des ressources, de logement, de décentralisation, de réforme fiscale au niveau des villes.

Mais la décentralisation sera un élément phare de son programme en construction.

« C’est une de mes grandes priorités. Par définition, les conservateurs veulent rapprocher le pouvoir des citoyens. C’est un discours compatible avec les gens en région. On veut que vos élus et services soient plus près de vous. Ce n’est pas à des écologistes de Montréal ou des fonctionnaires d’Ottawa ou Québec de décider ce qui est bon pour les Gaspésiens », lance M. Duhaime.

Le débat entre la protection du caribou et l’exploitation forestière a aussi retenu son attention, après avoir rencontré des gens de l’industrie forestière.

« C’est facile de dire à Montréal on est pour le caribou et on se fout des jobs en Gaspésie, mais ici, c’est une autre réalité. Je sens que les gens sont plus sensibles à trouver un équilibre. C’est une industrie qui a toujours été présente. On pense qu’il y a moyen de concilier les deux et ne pas perdre des centaines d’emplois dans la région. C’est le genre de sensibilité qu’on n’entend pas des fonctionnaires à Montréal ou des écolos de Montréal », donne en exemple le chef conservateur.

Éric Duhaime ne veut pas promettre n’importe quoi et se donne quatre ans pour faire « un travail sérieux et méticuleux ».

C’est pourquoi il fait le tour de la province avant de proposer un plan de décentralisation.

« Pour nous assurer comment on peut proposer un plan ambitieux et détaillé et comment on veut voir un Québec des régions. On est toujours en chicane contre Ottawa pour décentraliser vers le Québec mais on dirait que quand ça arrive à Québec, le même discours de la décentralisation vers les régions n’est plus bon. Il y a quelque chose d’incohérent sur le plan théorique », explique M. Duhaime qui veut s’assurer que l’argent suivra.  

Le volet transport a aussi été abordé avec les difficultés, notamment dans le transport aérien et des billets à 500 $.

« C’est aussi un autre problème et avec un boom démographique [que connaît la région], ça va devenir de plus en plus pressant car ces gens voudront voir leurs amis, leurs employeurs car ils travailleront à distance. On n’est pas adapté pour répondre à la demande. La CAQ devra proposer de solutions constructives dans les prochains mois », mentionne M. Duhaime.

Sur l’étiquette accolée de parti conspirationniste lors de la crise sanitaire, Éric Duhaime mentionne que si la pandémie ne s’était pas produite, il ne serait pas en politique.

« Je suis revenu en politique car je me suis senti brimé dans mes droits civiques et je voyais quatre partis qui répétaient la même chose. Pourquoi ce sont les conservateurs qui se sont levés  et qui ont dit : ça n’a pas de sens ? Ça se transpose dans d’autres domaines. Quand Pierre Fitzbiggon, le ministre de l’Économie, dit qu’il faut baisser le thermostat à 18 degrés ou partir le lave-vaisselle à 3 heures du matin, ce n’est pas de ses affaires », lance M. Duhaime.

Selon lui, la crise sanitaire est devenue un prétexte de s’ingérer dans la vie des citoyens.

« Ce qui me fait peur depuis deux ou trois ans au Québec, ce n’est pas juste la question de la crise sanitaire. C’est le fait que le gouvernement s’est trouvé une nouvelle façon de s’ingérer dans nos vies et que beaucoup de gens ne protestent pas. Le gouvernement peut abuser et violer nos droits et libertés. C’est ce qui m’inquiète comme citoyen qui est soucieux des droits civiques et des libertés individuelles », conclut le chef conservateur.