Le bac brun permet de détourner 24 000 tonnes de matière depuis 10 ans dans Rocher-Percé et à Gaspé

L’arrivée du bac brun dans la MRC du Rocher-Percé en septembre 2012 aura permis de détourner 24 000 tonnes de matières organiques du site d’enfouissement sanitaire, soit l’équivalent d’une année d’ordures.

La directrice de la Régie intermunicipale de traitement des matières résiduelles de la Gaspésie, Nathalie Drapeau, souligne que le projet était révolutionnaire il y a 10 ans.

« Je me rappelle qu’au moment de prendre la décision, certains élus nous trouvaient zélés. On avait murement réfléchi sur les impacts positifs à court et long terme. Il fallait se lancer et les élus ont dit go à ce moment à ce défi », mentionne Mme Drapeau.

Gaspé s’est joint au groupe en 2018, ce qui a permis d’accroître le volume de matière compostable qui est revenu aux citoyens à chaque année.

Dix ans plus tard, l’heure est aux premiers constats.

« 24 000 tonnes, c’est énorme. C’est une année complète d’enfouissement. Ça nous galvanise à relancer le message auprès des citoyens qui ne participent pas encore au bac brun, d’autant plus que c’est obligatoire par rapport aux règlements. On est rendu là », mentionne Mme Drapeau.

Selon les statistiques, 30 % des citoyens participent de façon régulière. Un autre 30 % participe selon les périodes notamment l’hiver parce qu’ils trouvent que ça colle ou en été en raison des mouches et des vers.

« Quand les gens appliquent les bons trucs, on règle ces problèmes-là », lance la directrice.

Mais il reste encore 30 % de la population qui ne participe pas du tout au compostage.

« Ils l’ont peut-être fait une fois, mais ils ont eu une mauvaise expérience et ont cessé. Ce 30 %, il faut aller le chercher dans la prochaine année car cette contribution est importante au site de compostage, mais a un effet équivalent à l’enfouissement », tente de convaincre Mme Drapeau.

Sur 10 ans, ça représente peut-être un 8000 tonnes de matières.

Selon la directrice, quelque 40 % de ce qui est produit comme déchet à la maison est composé de matière compostable.

La qualité de la matière qui se retrouve au bac brun peut être améliorée et la sensibilisation se poursuivra via les agents verts de la régie.

« Quand on dit, ce n’est pas grave de mettre une cannette dans le bac brun, les travailleurs doivent enlever ces irritants pour que le compost soit de qualité », rappelle Mme Drapeau.

Le secteur institutionnel a été impliqué dès le début, ce qui n’est pas un grand enjeu.

« Il en reste encore quelques-uns et on travaille de façon soutenue. Ça demande une approche personnalisée car les défis ne sont pas les mêmes pour chacun. Mais on est chanceux de cette adhésion car ça peut représenter jusqu’à 15 % des arrivages au centre de tri. »

Le multi-logements fait partie des priorités l’an prochain pour mieux les desservir.

En bout de piste, le compostage peut permettre de réduire les coûts de la gestion des matières résiduelles car il en coûte jusqu’à deux fois moins cher de composter que d’enfouir, d’autant plus que la redevance à l’enfouissement versée à Québec est appelée à augmenter passablement ces prochaines années.

Selon Recyc-Québec, en 2022, ce sont plus de la moitié des municipalités du Québec, soit 660, qui ont implanté la collecte des matières organiques comparativement à seulement une centaine il y a dix ans, ce qui se traduit par un ratio de 75 % de la population québécoise qui résidait dans une municipalité desservie par une collecte des matières organiques en 2020 alors que la donnée était de seulement 7 % en 2009.  

Une porte ouverte se tiendra le 15 octobre au site de compostage situé à Chandler.