Herbicide sur le rail : des groupes environnementaux reviennent à la charge

L’utilisation des herbicides sur la voie ferrée revient hanter la Société du chemin de fer de la Gaspésie alors que deux groupes environnementaux réclament des actions.

Ensemble pour l’avenir durable du grand Gaspé questionne le fait que le plan d’épandage n’est pas rendu public, ce qui peut provoquer des soucis pour la population.

Le groupe a demandé à la Ville de Gaspé de lui fournir le plan d’épandage sur son territoire via la Loi d’accès à l’information, mais la réponse a été tout autre.

« On est surpris de la réponse reçue. La Ville n’est pas en possession du plan d’épandage pour 2022 et 2023. On a consulté le Code de gestion des pesticides et dans le texte actuel, on peut lire que les municipalités sont supposées recevoir cet avis », explique la présidente du groupe, Lise Chartrand.

« Compte tenu que l’épandage se fait entre avril et septembre et la municipalité devrait avoir reçu cet avis, on est surpris », lance la présidente qui entend demander à la Société du chemin de fer de la Gaspésie comment se fait l’épandage et pourquoi des municipalités comme Gaspé n’ont pas reçu l’avis.

Le groupe écologiste questionne les impacts sur la santé des gens qui ne sont pas informés des épandages.

« Il y a des gens qui nous ont dit ne pas être au courant de l’épandage des herbicides. Une mère nous a dit qu’elle allait cueillir des fruits à cet endroit », souligne la présidente.

« Ce sont des informations qu’on est en droit d’avoir », lance Mme Chartrand.

Pour sa part, la Société de conservation Zico de la Baie de Gaspé poursuit ses requêtes pour trouver des alternatives à l’épandage d’herbicides sur le rail.

L’organisation a réussi à obtenir une rencontre virtuelle avec le ministère des Transports après avoir déposé un mémoire de 79 pages.

« Nous avons fait le tour du dossier. Nous sommes revenus sur la toxicité sur les cinq herbicides utilisés par la Société du chemin de fer de la Gaspésie et la toxicité de la créosote ainsi que les alternatives », mentionne la présidente, Margret Grenier.

« On a soulevé le fait que le ministère s’occupe de la gestion écologique des corridors du réseau routier avec l’orientation de protéger l’environnement. Nous avons demandé le même traitement pour le chemin de fer. On a demandé que le ministère et la société du chemin de fer fassent mieux et autrement pour mettre fin à l’utilisation des herbicides et à la créosote. Il faut concilier cela avec la sécurité de l’environnement et de la population », demande Mme Grenier.

« Nous avons rappelé que des alternatives sont des pratiques courantes en Amérique du Nord, en Europe et ailleurs dans le monde », soutient-elle.

Cette rencontre qualifiée d’exploratoire a permis de faire le tour.

« Nous attendons des nouvelles du comité aviseur du ministère », lance-t-elle, sans avoir l’assurance d’une réponse rapide.

En réaction, le président de la Société du chemin de fer de la Gaspésie, Éric Dubé, a montré une certaine impatience devant le fait de devoir à nouveaux justifier l’utilisation des herbicides cette année.

« Je trouve encore malheureux qu’on casse du sucre sur l’épandage et le traitement des herbicides sur la voie ferrée », lance d’entrée de jeu M. Dubé.

Répondant à Ensemble pour l’avenir durable du grand Gaspé, le président indique agir selon les règles en place.

« Ce qui est indiqué, c’est que les informations doivent être envoyées au ministère. Les municipalités n’ont pas à l’avoir », justifie M. Dubé, en citant les règlements.

Sur la question de cueillette des petits fruits, M. Dubé est ferme.

« Je vais juste rappeler aux gens qu’il y a l’article 37 de la Loi qui dit que nul ne peut circuler sur la voie, le guidage ou dans son emprise ailleurs que sur les passages à niveau ou les traverses signalisées. Les gens n’ont pas d’affaires sur la voie ferrée. L’article 82 dit qu’on pourrait être passible d’une amende de 200 à 500 $ », lance M. Dubé.

« Ça devient fatiguant. On respecte les critères de l’environnement. On en met de moins en moins. On fait partie de la société. Je ne veux pas que les gens pensent qu’on est sur une autre planète. On a une réalité : c’est un enjeu de sécurité. Je ne pense pas que les gens voudraient voir un accident parce que la voie n’a pas bien été entretenue », espère-t-il.

Il souligne ne pas vouloir revivre un accident comme celui survenu en mars 2022 où un homme de 83 ans avaient été heurté à mort par un train alors qu’il marchait sur la voie ferrée à Nouvelle.