Harcèlement : le maire de Cloridorme démissionne

Le harcèlement et l’intimidation dans le monde municipal font une autre victime alors que le maire de Cloridorme a démissionné à la suite d’une séance houleuse le 13 mars dernier.

Pierre Martin n’exclut pas avoir recours à la justice contre certains de ses détracteurs.

« Ma décision a été prise suite à du harcèlement répété d’un groupe de citoyens, du harcèlement qui s’est fait envers l’ensemble des élus et plus particulièrement dernièrement envers la directrice générale et moi-même », mentionne M. Martin qui, en raison de son passé médical, n’est plus en mesure d’assumer ce stress engendré par la situation.

« Il y a eu des attaques personnelles sur Internet, évoquant l’incompétence. C’est un groupe qui véhicule ça à tous les jours. Encore mercredi, même si je ne suis plus maire, ça se poursuit encore. Je vais devoir prendre des procédures en conséquence envers cette personne. Ma santé ne peut pas permettre ça », ajoute l’ex-maire.

« Ça revient toujours aux mêmes personnes. On est capable de nommer le groupe de personnes. On le sait qui le fait, mais on ne peut accuser une personne en particulier. Maintenant, je sais qui m’accuse sur Internet et je vais agir en conséquence. C’est dommage. Ça fait une mauvaise réputation à la municipalité, malgré qu’on avait un beau conseil », suggère M. Martin.

Selon lui, les hausses de taxes des deux dernières années auraient causé un vent de mécontentement, surtout celle de 8 % pour le budget 2023.

L’élu avait présenté l’automne dernier un plan stratégique de développement pour Cloridorme. L’ancien entrepreneur de la construction assure le conseil municipal qu’il soutiendra les élus dans son application.

« Je devais avoir 10-12 dossiers en évolution dans le plan stratégique. Il y a des projets qui se faisaient cet été pour améliorer la qualité de vie des citoyens. En quittant, les gens ne sont pas au courant des dossiers. J’ai dit au pro-maire que s’il a besoin de mon aide, ça va me faire plaisir », avance M. Martin.

Les élus en place ont publié mardi une lettre ouverte sur les réseaux sociaux où on peut y lire « qu’il est difficile, tant pour les élus que pour les employés municipaux d’assumer nos fonctions dans un esprit de non-respect. Qu’elles soient derrière les écrans ou les portes closes, nous sommes souvent les proies à des attaques personnelles qui minent notre volonté de travailler dans l’intérêt des personnes qui nous ont élues ».

Les élus demandent la collaboration et l’appui de la population afin d’assurer une continuité.

« Nous ne tolérerons aucun commentaire haineux et/ou discriminatoire pouvant affecter tant au niveau personnel que professionnel nos employés et nos élus municipaux », signe le conseil municipal.

C’est le deuxième élu du secteur de l’Estran à démissionner en mars.

Au début du mois, sa voisine de Petite-Vallée, Mélanie Clavet, démissionnait.

« Le contexte actuel dans lequel évolue le monde municipal dans les petites communautés se déchirant à coup de menaces et agressions verbales, ne favorise pas la venue de jeunes élus municipaux dans nos villes et villages et ce genre de politique ne me convient pas », écrivait Mme Clavet dans une missive du 6 mars.

Par ailleurs, en février 2022, un autre maire, Genade Grenier, quittait aussi son poste de maire de Saint-Godefroi, disant avoir reçu des nombreuses lettres d’intimidation et d’insultes.

Par ailleurs, dans la Gazette officielle du gouvernement du Québec publiée mercredi, on y apprend que Québec a voté un décret le 8 mars dernier débloquant une aide de 1 million $ à l’Union des municipalité du Québec et une autre semblable à la Fédération québécoise des municipalités pour l’exercice 2022-2023 pour la création d’un fonds d’aide afin de soutenir les municipalités qui ont entamé des recours judiciaires, ou qui souhaite le faire, pour contraindre un citoyen de cesser d’intimider ou de harceler un employé ou un élu municipal.

Les modalités doivent être définies entre Québec et les deux unions municipales.