
Québec passe de la parole aux actes en prenant une ordonnance contre Ciment McInnis afin de faire cesser le rejet de contaminants dans l’environnement.
Devant la problématique d’émission de poussières qui a émergé à Port-Daniel–Gascons à l’été 2020 et qui se reproduit sporadiquement, le ministère a évalué tous les recours à sa disposition pour faire corriger cette situation.
L’ordonnance est émise après avoir signifié à St. Marys Cement, l’entreprise propriétaire de la cimenterie, un avis préalable le 30 juin dernier.
Après analyse des observations déposées par l’entreprise suivant cet avis en août, le ministère conclut que celles-ci ne sont pas de nature à modifier le fondement de l’ordonnance.
L’entreprise écrivait au ministère le 31 août que des investissements sont prévus pour améliorer ses activités sur les plans opérationnel et environnemental.
Ciment McInnis a aussi évoqué que des fluctuations de tension de la ligne électrique d’Hydro-Québec alimentant l’usine auraient conduit à un arrêt non contrôlé des équipements d’épuration d’air, générant des émissions fugitives de poussière hors de contrôle et de la fin récente de la période de démarrage.
De plus, l’entreprise allègue avoir mis en place plusieurs améliorations et mesures de contrôle depuis l’été 2020 pour diminuer les risques d’incidents.
Ces réponses n’ont pas convaincu le ministère qui demande à Ciment McInnis de cesser, dès la notification de l’ordonnance, le rejet de poussières et autres contaminants atmosphériques au-delà des normes établies dans l’autorisation d’exploitation.
De plus, il est demandé d’octroyer un mandat à un expert indépendant reconnu par le ministère pour la réalisation d’une évaluation du bon fonctionnement de tous les équipements d’épuration de l’air et proposer des mesures et modalités d’exploitation pour faire cesser de façon permanente l’émission de poussières et autres contaminants atmosphériques au-delà des normes établies dans l’autorisation d’exploitation.
L’entreprise devra transmettre selon un calendrier établi les constats de l’expert, ses conclusions et ses recommandations quant aux correctifs et modalités d’exploitation à mettre en place pour faire cesser de façon permanente l’émission de poussières et d’autres contaminants atmosphériques au-delà des normes établies.
Un plan de contrôle des poussières et autres contaminants atmosphériques faisant état des mesures mises en place devra être soumis et l’entreprise devra réaliser les travaux conformément au plan de contrôle des poussières et autres contaminants atmosphériques approuvé par le ministère.
Québec accorde à McInnis que l’inspection des cinq dépoussiéreurs de procédés reliés aux trois cheminées et autres équipements requérant un arrêt total des installations soit réalisé au moment de la période d’entretien annuel prévu en février et mars prochain.
Toutefois, le ministère demande que l’inspection des autres équipements, dont les 49 dépoussiéreurs dans 120 jours.
Le ministère rappelle que depuis 2019, plusieurs inspections ont permis de constater différents manquements relatifs aux émissions de poussières dans l’atmosphère émanant des installations de l’usine.
Des avis de non-conformité ont été transmis et certains manquements constatés font actuellement l’objet d’une enquête pénale.
Au 31 mai dernier, le ministère avait recensé 80 signalements et 11 plaintes pour des émissions de poussière.
Pour le groupe écologiste Environnement Vert Plus, c’est un pas dans la bonne direction et les gestes requis pourraient permettre de corriger la situation.
« Que le ministère de l’Environnement prenne les mesures nécessaires pour faire cesser les retombées de poussière de façon définitive à Port-Daniel, ça, en soi, c’est une bonne nouvelle », commente le porte-parole, Pascal Bergeron, qui appelle que cette usine n’a pas l’autorisation d’émettre de la poussière en permanence.
L’expert indépendant qui passera au peine fin l’usine est une bonne chose.
« Quelqu’un qui fait le tour de l’usine pour améliorer le procédé, ça ne peut pas faire de tort. C’est quelque chose qui a été extrêmement négligé de la part de la direction depuis le début. On a besoin de mieux contrôler le procédé », mentionne l’écologiste.