Année décisive pour la traverse Côte-Nord-Anticosti-Gaspésie

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La direction du port de Havre-Saint-Pierre estime que 2023 sera l’année de la traverse entre la Côte-Nord, l’île d’Anticosti et Rivière-au-Renard.

« C’est l’année de la concrétisation du projet », lance sans hésiter la directrice du port, Odessa Thériault.

« On n’aura probablement pas de traversier en 2023, mais au moins, on va savoir qu’on travaille sur des bases solides. On pense vraiment que c’est cette année, avec les démarches en place et les rencontres qui se succèdent avec nos interlocuteurs, on est assez confiant que 2023 est l’année où le projet doit se concrétiser », ajoute la directrice.

Depuis novembre, le projet a notamment été présenté au cabinet de la ministre du Tourisme, à celui de la ministre responsable de la région du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, ainsi qu’à la ministre responsable de la Côte-Nord.

« On a eu une rencontre récemment avec la ministre. On a pu échanger et mettre des choses en lumière. Pour nous, c’est très important qu’on parle de désenclaver une population. C’était important de pousser là-dessus avec notre ministre responsable. On attend de voir s’il y aura un positionnement clair de sa part », soutient Mme Thériault qui affirme avoir une très bonne écoute des intervenants.

« On n’a pas eu de porte fermée. On a vraiment une belle écoute. On a de bonnes questions qui, on pense, démontrent de l’intérêt de ces gens-là », croit-elle.

Dans les prochaines semaines, une première rencontre se fera avec le ministère des Transports, l’acteur clé pour débloquer le dossier.

« On est prêt. On ne voit pas pourquoi tout d’un coup, ça revirerait de bord », lance Mme Thériault.

Le dossier a aussi été déposé dans le cadre des consultations prébudgétaires organisées par le ministère des Finances en vue de la confection du budget 2023-2024 du gouvernement du Québec.

« On pense que c’est vraiment une belle occasion de défendre ce projet. On peut s’attendre à quelque chose de positif. On ne sait pas à quelle hauteur, on ne sait pas à quel niveau pour l’instant. Il faut que quelque chose débloque car 2023 est une année clé pour quelque chose se passe », soutient la directrice.

La desserte quotidienne entre Havre-Saint-Pierre, l’Île d’Anticosti et Rivière-au-Renard serait déployée sur une période d’opération minimale de 160 jours par année, de juin à novembre.

Le navire de type roulier pourra accueillir jusqu’à 350 passagers, entre 55 et 65 voitures et entre 10 et 15 camions pour le transport des marchandises.

Une étude avait estimé le déficit de la traverse entre 5 et 7 millions $ par année.

Deux modèles d’opération sont suggérés : soit que Québec finance le navire, éponge une partie du déficit et finance l’opération ou encore pris entièrement en charge par la Société des traversiers du Québec.

L’horaire de la traverse partirait d’Havre-Saint-Pierre et prendrait 7,5 heures pour se rendre à Anticosti, ferait une escale de 4 heures et prendrait 5 heures pour accoster à Rivière-au-Renard. Le retour se ferait le lendemain.

Cette idée revient 30 ans après l’échec de la traverse entre Rivière-au-Renard et la Côte-Nord entre 1994 et 1996.

Le projet avait connu un nouveau chapitre en 2014. 

Le gouvernement libéral de Philippe Couillard avait commandé une étude d’opportunité publiée en avril 2019 qui concluait qu’une telle traverse avec un navire usagé aurait généré un déficit d’exploitation de 7,5 millions $ pour les années 2025-2030, une facture qui aurait grimpé à 12,9 millions $ avec un navire neuf.

Les coûts d’infrastructures avec l’utilisation d’un navire neuf étaient estimés à 136 millions $, un coût évalué à 44 millions $ avec un navire usagé.

Les améliorations des infrastructures étaient de 5 millions $ à Rivière-au-Renard, 4,3 millions $ à Havre-Saint-Pierre et 6 millions $ à Port-Meunier.

Le potentiel de clients avait été estimé à près de 33 000 sur une base annuelle pour la période 2025-2030.